Chers camarades, chers collègues,
Depuis 15 jours, le gouvernement et le ministre BLANQUER tentent de faire passer les épreuves des E3C avec l'aide des forces de l'ordre, et même ainsi, c'est un échec face aux personnels mobilisés depuis des semaines contre la réforme des retraites...
Hier, lundi 3 février, près de 150 élèves des lycées publics de Chauny, appelés à passer les E3C, se sont rassemblés devant leur établissement avec quelques dizaines de professeurs de leur établissement et d’autres établissements du département venus les soutenir, des représentants syndicaux du SNFOLC, du SNES-FSU, de la CGT Educ’action, de SUD Education, des représentants de la FCPE, pour obtenir "le report / annulation" des épreuves.
Dans une pétition, signée par près de 400 de leurs camarades, ces lycéens expliquent qu’ils ont "pris connaissance des modalités inégalitaires du nouveau bac" et demandent "le retour à des épreuves terminales nationales".
Après des discussions successives, en début puis en fin de matinée, entre la Direction de l’établissement, des représentants d’élèves, des professeurs, des parents, des représentants SNFOLC, SNES-FSU et SUD Education, les épreuves ont finalement été reportées d’une semaine.
Au même moment, au lycée Condorcet, à Méru, dans l’Oise, plusieurs dizaines de professeurs s’étaient rassemblés devant leur établissement pour dénoncer les E3C.
Un professeur interrogé par la presse explique cette initiative dans ces termes : "On ne peut plus parler de bac national, mais de bac local. Chaque lycée pioche dans une banque de sujets à soumettre aux élèves. Alors qu’avant on corrigeait des élèves d’autres lycées, maintenant ce sont les nôtres que l’on accompagne. Forcément, il y a un risque d’être plus indulgent avec nos élèves. En plus de cela, rien ne nous empêche de préparer les élèves pendant l’année aux sujets du bac qu’on a choisis. Il y a une rupture d’égalité énorme."
Un article du Journal du Dimanche, publié le 2 février, annonce que, au plan national, "depuis quinze jours, les épreuves communes de contrôle continu (E3C) ont été reportées ou perturbées dans près de 30 % des lycées". 30 %, cela représente des centaines d’établissements dans tout le pays (plus de 500).
C’est un fait, on ne peut plus dire comme l’affirmait, hier encore, le ministre BLANQUER, que "dans la grande majorité des lycées les épreuves se passent et se passent normalement (...). Les blocages concerneraient environ 10% des lycées"... (Il est vrai que le ministre n'est plus à un mensonge près...)
Et pour cause : les professeurs, les élèves, les parents sont inquiets des dégradations que causent la réforme du bac et celle du lycée sur l’enseignement disciplinaire, sur la valeur des diplômes dispensés par l’école publique, et sur les conditions d’accès à ces derniers. Ils sont inquiets, et ils ne sont pas dupes du discours ministériel. Ils savent que le bac Blanquer, ce n’est plus le baccalauréat national, c’est un bac local, un bac au rabais, c’est la généralisation des inégalités, comme d’ailleurs avec toutes les réformes gouvernementales. Et enfin ils ne supportent plus le mépris de ce ministre d’ancien régime qui croit encore qu’il suffit de raconter des fadaises au petit peuple pour lui faire accepter n’importe quoi !
Mais le ministre ne se contente pas de mépriser. Il menace, il réprime à tout va. Selon lui "il y a de la nervosité qui est créée dans certains endroits, il y a parfois des arrières plans politiques, il y a un certain nombre de personnes qui se sont mis en dehors de la loi pour essayer d'empêcher le passage. (...) Aucun adulte ne doit inciter un élève à ne pas aller à une épreuve qui est très importante parce qu'elle compte pour le baccalauréat. Il ne faut pas instrumentaliser cette E3C pour d'autres raisons que l'intérêt des élèves."
De fait, au lycée Gay Lussac à Chauny, comme au lycée Condorcet à Méru, les choses se sont passées pacifiquement, et l’on ne peut que s’en féliciter. Mais dans des dizaines et des dizaines d’autres établissements, les professeurs et les lycéens mobilisés contre les E3C ont fait l’objet d’une répression d’une brutalité sans précédent dans l’histoire de l’école publique républicaine.
Un cap a été franchi ! Des professeurs et des lycéens, qui n’étaient pas moins pacifiques qu’à Chauny, ont essuyé des tirs de gaz lacrymogènes, de grenades neutralisantes, ils ont été matraqués... Des élèves ont été placés en garde à vue, déférés devant les tribunaux, des professeurs ont été convoqués au commissariat, les procédures disciplinaires se multiplient.
Les forces de l’ordre ont été envoyées devant la plupart des établissements où se déroulent les E3C, et où les lycéens et les personnels revendiquent. Certains élèves ont été victimes de malaises, ont fini à l’hôpital lors de l’intervention des forces de l’ordre.
Pour FO, cette fuite en avant dans la répression est insupportable, inacceptable, elle doit s’arrêter ! En s’obstinant à passer en force sa réforme rejetée par l’immense majorité des personnels, de leurs organisations, et des élèves et leurs familles (pour mémoire, au CSE du 19 mars 2018, les décrets sur Parcoursup et le nouveau baccalauréat avaient recueilli 40 votes contre, 11 abstentions et seulement 19 pour), le ministre se rend seul responsable du chaos qu’engendre aujourd’hui la mise en oeuvre des E3C, et des violences dont font l’objet les personnels et les élèves qu’il est censé protéger.
FO demande que la répression cesse, que les sanctions et menaces de à l’encontre de professeurs et d’élèves qui se sont mobilisés contre les E3C soient abandonnées, et que le ministre et l’ensemble des autorités de l’Education nationale se décident enfin à entendre les revendications, qu'ils retirent la réforme du baccalauréat et du lycée et qu'ils rétablissent le baccalauréat national, aux épreuves terminales et anonymes !
De même que nous ne voulons pas de la retraite par points, nous ne voulons pas des E3C et du bac Blanquer !
Réforme des retraites, réforme du baccalauréat, tout est lié ! A chaque fois c'est la destruction des droits collectifs, c'est la régression sociale généralisée !
Dans cette situation, le SNFOLC, avec la FNEC-FP-FO, appelle les personnels à se réunir partout en heures d'information, en assemblées générales, à prendre position et à mettre en discussion la grève et sa reconduction, la grève pour gagner l'abandon des E3C, la grève jusqu'au RETRAIT du projet Macron-Philippe-Berger !
RIEN N'EST JOUÉ ! Nous ne céderons rien à la répression, à l'autoritarisme d'un gouvernement aux abois ! Nous ne lâcherons rien jusqu'au RETRAIT du projet de retraite par points, et des contre-réformes détruisant l'école publique, le droit égal à l'instruction, les statuts des personnels, l'enseignement disciplinaire et les diplômes nationaux !
Avec les salutations fraternelles du Bureau départemental. Pour le Bureau, François Pozzo di Borgo,Secrétaire départemental
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