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Le Medef satisfait des déclarations du Président Macron le 13 avril, mais les salariés ?

Photo du rédacteur: snfolc02snfolc02

Chers camarades,

Vous avez tous pu voir ou entendre la déclaration télévisée du Président de la République, hier lundi 13 avril, ou tout au moins les comptes-rendus et commentaires qui l’ont suivie.

D’ores et déjà, ce que tout le monde en retient, c’est une date : le 11 mai.

Après avoir reconnu que le pays n’était « pas assez » préparé à la crise, que « le moment (…) a révélé des failles, des insuffisances », qu’il y a eu « des ratés », après avoir expliqué que, au bout d’un mois de confinement, « l’espoir renaît (…) mais rien n’est acquis » car « dans le Grand Est comme en Ile de France, les services hospitaliers sont saturés », que « partout, en Hexagone comme dans les outre-mer, le système est sous tension et l’épidémie n’est pas encore maîtrisée », et que nous devrions donc « poursuivre nos efforts et continuer d’appliquer les règles », le Président a annoncé que « le confinement le plus strict doit encore se poursuivre jusqu’au lundi 11 mai ».

Et que doit-il se passer alors ? « A partir du 11 mai, nous ouvrirons progressivement les crèches, les écoles, les collèges et les lycées ».

L’épidémie n’est pas encore maîtrisée, le Président rappelle même que « nous sommes loin de ce que les spécialistes appellent l’immunité collective, c'est-à-dire ce moment où le virus arrête de lui-même sa circulation parce que suffisamment d’entre nous l’avons eu », mais nous pourrions, le 11 mai, rouvrir les écoles, collèges, lycées…

Le 11 mai, donc, tout redémarre comme avant ?

NON, puisque « pour les étudiants de l’enseignement supérieur, les cours ne reprendront pas physiquement jusqu’à l’été »NON, puisque « les lieux rassemblant du public, restaurants, cafés et hôtels, cinémas, théâtres, salles de spectacles et musées, resteront fermés à ce stade »

Alors pourquoi rouvrir les écoles le 11 mai ?

Parce que « le 11 mai, il s’agira aussi de permettre au plus grand nombre de retourner travailler, redémarrer notre industrie, nos commerces et nos services »

Immédiatement, le porte parole du Medef s’est réjoui : « Nous sommes satisfaits que le président ait fixé un cap pour remettre le pays en marche », car « cela permet aux entreprises de bien préparer la reprise, et aux enfants de retrouver le chemin de l’école ».

Les salariés ont-ils les mêmes raisons de ce réjouir ? Nous pouvons en douter.

La pénurie dramatique de masques, de matériel de protection pour les soignants, pour les salariés qui depuis le début du confinement ont continué à travailler, de matériel de soin pour les patients les plus gravement atteints est-elle enfin terminée ?

« Dès l’instant où ces problèmes ont été identifiés, nous nous sommes mobilisés – Gouvernement, collectivités locales, industriels, associations – pour produire et acquérir le matériel nécessaire », « les commandes sont désormais passées », « d’ici trois semaines, nous aurons, imaginez-le, multiplié par cinq la production de masques pour nos soignants en France et nous aurons produit 10 000 respirateurs supplémentaires de plus sur notre sol » , nous dit le Président.

« Les commandes sont passées », « D’ici trois semaines »Est-ce suffisant pour dire que tout est réglé, que nous avons bien tout le matériel à disposition pour maîtriser la crise ?

Mais alors, si c’est le cas, pourquoi, dans notre département, le courrier envoyé conjointement avec le Groupement Départemental FO Santé au Préfet et à l’ARS des Hauts de France, le 30 mars dernier, et concernant les dispositions prises pour fournir le matériel nécessaire aux personnels soignants, est-il resté sans réponse ?

Le 11 mai, tous les professeurs et les élèves qui retourneront travailler, tous les salariés qui reprendront leur poste de travail pourront-ils être testés ?

« Le 11 mai, nous serons en capacité de tester toute personne présentant des symptômes. Nous n’allons pas tester toutes les Françaises et tous les Français, cela n’aurait aucun sens » explique le Président.

Tester tous les Français n’aurait pas de sens ? Mais alors comment expliquer que lors d’une conférence de presse le 16 mars, le Président de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ait déclaré « Vous ne pouvez pas combattre un incendie les yeux bandés. Et nous ne pouvons pas arrêter cette pandémie si nous ne savons pas qui est infecté par ce virus. Nous avons un message simple pour tous les pays : testez, testez, testez. »

Au Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail Ministériel de l’Education nationale, le 3 avril, les représentants FO et FSU ont voté un vœu exigeant un « dépistage systématique (…) généralisé aux personnels et aux élèves comme préalable à toute reprise d’activité ». Mais lorsque les représentants FO ont voulu soumettre ce même vœu au Comité Technique de l’Académie d’Amiens, la Rectrice s’y est opposée fermement.

Cela ne peut que nous éclairer sur le sens précis des déclarations du Président Macron le 13 avril : d’un côté il y a les mots, de l’autre il y a les actes.

Du point de vue des mots, nous devrions voir dans la crise actuelle une « chance » de « bâtir un autre projet dans la concorde »

Du côté des actes, c’est clair, l’heure n’est pas à répondre aux revendications des salariés, mais à les remettre au travail coûte que coûte, le plus vite possible, afin de sauver les dividendes des actionnaires. Le Président Macron serait bien inspiré de ne pas nous prendre pour des lapins de trois semaine, nous n’avons pas oublié la loi « d’urgence sanitaire » du 23 mars et toutes les attaques, toutes les remises en cause des droits, des conditions de travail et d’existence des salariés qu’elle permet… Combien, en effet, se sont-ils vu imposer des jours de congés payés en plein confinement à peine la loi promulguée ? Combien se sont vu ou se voient imposer, à la faveur de la crise, et de cette loi « d’urgence », des journées et des semaines à rallonge (jusqu’à 12 heures par jour, 60 heures par semaine) ? Et pendant ce temps, combien ont effectivement reçu en dotation le matériel nécessaire pour se protéger de l’épidémie ?

De même, nous n’oublions pas que la conséquence la plus brutale, la plus terrible de l’incurie de tous nos gouvernants qui n’ont eu de cesse, depuis des décennies, de détruire l’hôpital public, c’est actuellement la tragédie que vivent les retraités, les personnes âgées parmi lesquels on compte déjà le plus grand nombre de victimes, en EHPAD, à domicile, à l’hôpital, comme le rappelle le communiqué commun des organisations de retraités UCR-FO, UCR-CGT, UNIR CFE-CGC, FSU, UNIRS Solidaires, FGR-FP, Ensemble & Solidaires (communiqué lisible sur le site de notre confédération à l’aide du lien suivant : https://www.force-ouvriere.fr/l-hecatombe-du-covid-19-parmi-les-personnes-agees-colere-et).

Et nous devrions « bâtir un autre projet dans la concorde » ? A FO, comme le rappellent très justement nos camarades des unions départementales des pays de Loire, « nous ne participerons à aucun dispositif (pacte social, conférence sociale, grenelle social ou protocole de reprise d’activité etc.) qui viserait à nous transformer en auxiliaire chargé de mettre en œuvre les mesures prises par le gouvernement », et « nous resterons sur le terrain qui est le nôtre, en défendant les intérêts des salariés, des retraités et chômeurs, en toute indépendance. ».

A ce titre, comme nous l’écrivions dans la déclaration du Bureau de l’UD le 3 avril dernier, nous continuons à demander, avec la Confédération, l’abandon des ordonnances prises au titre de l’urgence sanitaire, en matière de dérogations au temps de travail, temps de repos et travail dominical, jours de repos.

Nous demandons que toutes les dispositions soient prises, de toute urgence (réquisition de stocks, production), pour fournir sans attendre les personnels de santé en matériel de protection et de soin, mais aussi pour équiper les salariés qui continuent à travailler dans de nombreux secteurs d’activité (grande distribution, commerce alimentaire, transports etc.).

Nous continuons à exiger l’arrêt immédiat des mesures de « réduction des dépenses publiques » qui depuis des décennies ont gravement dégradé notre système de santé, ainsi que l’ensemble des services publics. A l’Hôpital public, en particulier, nous exigeons l’arrêt des suppressions de postes, des fermetures de lits, de services, et nous revendiquons la création des postes, lits, et services nécessaires.

Pour tous les salariés, du public et du privé, nous demandons l’augmentation des salaires.

Nous continuons à demander, non pas la simple suspension, mais l’arrêt immédiat et l’abandon des contre-réformes en cours : réforme des retraites, de l’assurance chômage, transformation de la Fonction publique, Ma santé 2022, réformes du lycée et du baccalauréat etc.

Enfin, nous soutenons la demande de nos camarades enseignants que des dispositions soient prises pour « un dépistage systématique (…) généralisé aux personnels et aux élèves comme préalable à toute reprise d’activité ».

Sur cette base, à la déclaration du Président Macron qui nous appelait, ce lundi 13 avril, à ne pas chercher dans la crise que nous vivons « à y trouver la confirmation de ce en quoi nous avions toujours cru », mais au contraire à nous « réinventer », lui-même affirmant qu’il était « le premier » concerné, nous répondrons que nous ne nous laisserons pas bercer par de « beaux discours », et nous ne nous paierons pas de mots.

Fidèles à la Charte d’Amiens, de 1906, crise sanitaire ou pas, nous continuerons à agir pour « la coordination des efforts ouvriers, l’accroissement du mieux être des travailleurs par la réalisation d’améliorations immédiates, telles que la diminution des heures de travail, l’augmentation des salaires, etc. ». En un mot, nous continuerons à défendre les revendications, maintenant, tout de suite, sans attendre un « après » hypothétique.

Avec mes salutations fraternelles à tous.

François Pozzo di Borgo,

Secrétaire Général de l’Union départementale #covid19 #coronavirue #confinement #president #13avril #reprisedelecole #revendication

 
 
 

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