La rentrée de ce lundi 2 novembre s’annonce chaotique !
Et pour cause, au cours des derniers jours les ordres et contre-ordres n’ont cessé de se succéder dans un climat d’improvisation et de panique générale que la communication et l’action du gouvernement contribuent largement à entretenir.
Lundi 2 novembre, le retour des élèves dans les établissements devait être décalé à 10h00, afin de laisser le temps aux personnels de se réunir pour préparer un hommage à notre collègue Samuel PATY.
Puis, le Président de la République ayant annoncé, mercredi 28 octobre, un nouveau confinement pour cause de dégradation de la situation sanitaire, et un nouvel attentat ayant été commis à Nice le lendemain même, jeudi 29 octobre, entraînant le passage du plan Vigipirate à son niveau maximum (“urgence attentat”), toutes les dispositions prévues ont été bouleversées et remplacées par de nouvelles :
Vendredi 30 octobre, le ministre Blanquer annonçait que la rentrée des classes serait finalement maintenue à l’horaire habituel, une minute de silence devant être observée à 11h, après la lecture de la lettre de Jean Jaurès aux instituteurs, “de préférence dans les salles de classe, et si les conditions sanitaires le permettent, dans la cour de l’établissement”. Autrement dit, “faites ce qu’on vous dit, mais débrouillez vous” !...
Dans le même temps, le ministre présentait une nouvelle fois sans réunion ni avis du Comité d’Hygiène et de Sécurité Ministérielle un protocole sanitaire “renforcé” dont les dispositions, qui se résument à “ouvrir les fenêtres” et généraliser le dispositif “une classe = uns salle”, vont introduire de nouvelles contraintes et complications dans les conditions de travail des personnels, sans leur apporter de véritable protection, tandis que rien n’est fait pour répondre à leurs revendications en vue de l’amélioration de ces mêmes conditions et de cette protection, à commencer par l’allègement des effectifs des classes…
C’est donc clair, l’heure des “beaux discours” et des “bonnes résolutions” est passée. Chassez le naturel…
Rappelons-nous, le 16 octobre dernier, le Président de la République déclarait “je veux dire ce soir à tous les enseignants de France que nous sommes avec eux, que la Nation toute entière sera là à leurs côtés aujourd’hui et demain pour les protéger, les défendre, leur permettre de faire leur métier”. Le 19 octobre, le ministre Blanquer assurait à son tour de “tout (son) soutien et de tout le soutien de l’institution scolaire” les professeurs et personnels de l’Education nationale. Le 20 octobre, dans un élan d’éloquence, le Premier Ministre expliquait, pour sa part, à l’Assemblée Nationale : “L’Education nationale, notre majorité l’a particulièrement choyée, et nous allons continuer à le faire”…
Le Président et son ministre de l’Education nous ont donc assurés de tout leur soutien et toute leur protection, mais…
… les personnels, qui ne sont pas encore remis du choc provoqué par l’horrible assassinat de leur collègue, ne pourront lui rendre qu’un hommage tronqué et sont appelés à reprendre le travail dans des conditions disloquées, à reprendre les cours dans des classes pleines à craquer ;
… le ministre qui a supprimé des centaines de postes d’enseignement pour la rentrée 2020 (440 équivalents temps plein pour 25 000 élèves supplémentaires) s’apprête à en supprimer 1800 autres à la rentrée 2021 ;
… le même ministre poursuit sans sourciller, et sans donner la moindre oreille au rejet et aux revendications des personnels, les contre-réformes remettant en cause leurs missions, leurs statuts, leurs conditions de travail (réformes du collège, du lycée, du baccalauréat, 2S2C etc.) ;
… plutôt que de répondre aux revendications, il lance un “Grenelle des professeurs” dont le but serait notamment de “revaloriser” le métier sur le plan financier, mais au lieu de mettre un terme au gel du point d’indice (confirmé par le gouvernement en juillet dernier), il annonce à cet effet une enveloppe de 400 millions d’euros, à comparer avec les 7,5 milliards d’euros obtenus par les personnels hospitaliers pour financer les 183 € net mensuel d’augmentation indiciaire, mais aussi aux centaines de milliards d’euros déversés dans les trésoreries des entreprises qui organisent les licenciements ;
… ce même ministre, encore, qui prétend défendre la liberté d’expression, n’hésite pas à remettre en cause cette dernière en réprimant les personnels qui osent contester ses réformes (sanctions contre nos collègues du lycée de Melle, contre des militants syndicalistes…) et en se répandant en diffamations contre un syndicat étudiant et contre l’Université par la dénonciation dans les médias (RTL le 22 octobre), et devant le Sénat, d’un prétendu “islamo-gauchisme (…) (très puissant) dans les secteurs de l’enseignement supérieur”, qui ferait “des ravages” et commettrait “des dégâts sur les esprits” ;
… dans le même temps, le gouvernement continue la mise en oeuvre de la transformation de la Fonction publique programmant la suppression des Comités d’Hygiène et de Sécurité devant veiller au respect, par l’employeur, des règles en matière de santé, de sécurité et de protection des personnels…
Pour le SNFOLC et la FNEC-FP-FO, cette situation ne peut plus durer ! La colère gronde ! Nous ne laisserons pas le Président Macron et son gouvernement instrumentaliser la mort de notre collègue Samuel PATY au service de leurs basses oeuvres politiques.
S’ils veulent réellement être aux côtés des personnels “aujourd’hui et demain pour les protéger, les défendre, leur permettre de faire leur métier”, ils doivent cesser immédiatement les attaques contre leurs statuts, leurs missions, mettre fin aux dégradations de leurs conditions de travail, entendre et satisfaire leurs revendications !
Pour commencer, lundi 2 novembre, le SNFOLC Aisne, avec la FNEC-FP-FO, demande que la liberté pédagogique des professeurs, inscrite dans le Code de l’Education et condition de la liberté d’expression, soit respectée. Chaque enseignant doit pouvoir faire en fonction de ce qu’il estime devoir faire. Nous ne pouvons accepter que des collègues soient placés devant des difficultés dont ils pourraient être tenus pour responsables. Les demandes injonctives ne peuvent qu’être mal vécues, notamment compte tenu du contexte (réformes, situation sanitaire avec les mesures liberticides qui ont été prises…). La lecture d’un texte “obligatoire” est contraire au principe de liberté pédagogique, de même qu’une séance cadrée ou imposée.
Par ailleurs, si un temps d’hommage est évidemment nécessaire, les discours et les préconisations pédagogiques ne suffiront pas.
C’est pourquoi, à l’opposé d’un cadrage officiel ne laissant pas de place à la parole des personnels, le SNFOLC Aisne, avec la FNEC-FP-FO, appelle ces derniers à se saisir de l’appel des fédérations FNEC-FP-FO, FSU, CGT Educ’action, SUD Education et SNALC à se réunir, dès lundi 2 novembre, pour établir leurs revendications et discuter des moyens pour les faire valoir et les faire aboutir (dans certains établissements, comme le lycée Gay Lussac à Chauny, des réunions sont d’ores et déjà prévues, à 9h00, en fin de matinée…).
Afin de couvrir toutes les initiatives des personnels, la FNEC-FP-FO a déposé nationalement un préavis de grève à partir de lundi 2 novembre (jusqu’aux congés de Noël).
N’hésitez pas à nous remonter les éléments concernant la situation et les initiatives prises dans votre établissement.
Avec les salutations fraternelles du Bureau départemental.
Pour le Bureau,
François Pozzo di Borgo,
Secrétaire départemental
En complément à ce message, vous trouverez ci-joint, pour votre information, et pour vous aider à informer les collègues, les documents suivants :
· le communiqué FNEC-FP-FO du 27 octobre rendant compte de la réunion au ministère, ce même jour, sur la reprise du 2 novembre : comme nous l’avons indiqué, les dispositions décrites ont changées, mais les revendications présentées par la fNEC demeurent ;
· le communiqué FNEC-FP-FO du 31 octobre - “Rentrée disloquée, mépris du ministre : opposons les cahiers de revendications et l’action commune pour les faire aboutir !” ;
· le communiqué national de rentrée du SNFOLC – “Rentrée du 2 novembre : la colère des personnels est immense face à l’incurie du ministre” ;
· le communiqué commun national CGT Educ’action, FNEC-FP-FO, FSU, SNALC, SUD Education – “Face à l’impréparation du ministère, il faut défendre la santé des personnels et des élèves”.
En supplément, nous vous communiquons également le message adressé par la FNEC-FP-FO 02 aux organisations syndicales du département pour leur proposer l’action commune :
La section de l'Aisne de la FNEC-FP-FO
aux sections départementales de la CGT Educ'action, de la FSU, de SUD Education, du SE-UNSA, du SGEN-CFDT
Chers camarades,
Dans notre département comme sur l'ensemble du territoire national de nombreux rassemblements ont eu lieu à Soissons, Laon, Saint Quentin, depuis le 16 octobre. Nos organisations y ont pris part pour exprimer leur soutien aux proches, aux collègues et aux élèves de notre collègue Samuel PATY, mais aussi pour rappeler que les personnels doivent être soutenus et protégés dans l'exercice de leurs missions, puis que nous sommes tous attachés à la liberté d'expression, à la laïcité, et au rôle que l'école doit continuer de jouer pour forger l'esprit critique.
Les personnels sont sous le choc. Mais l’émotion laisse place à la colère et à l'indignation. Colère face aux discours du ministre en réaction à l'assassinat de Samuel Paty, qui ne répondent pas aux inquiétudes et aux demandes de la profession. Indignation face aux mesures qui visent à enfermer les personnels dans le "cadrage" institutionnel du 2 novembre, au mépris de leur liberté pédagogique.
Alors que le ministre persiste à ignorer les revendications portées par nos organisations syndicales, et qu'il annonce à travers un show pathétique son "Grenelle", nous pensons qu'un appel clair et unitaire pour contrer cette offensive serait un encouragement pour tous les militants, pour tous les personnels à s’engager dans la tenue d’AG communes dès le 2 novembre, pour décider d’initiatives en direction de la DSDEN, voire du Rectorat et porter les revendications.
Bien syndicalement
Fabrice HURAUX,
pour la FNEC-FP-FO 02
Comments