Chers camarades,
Nous avons tous été saisis d’effroi et d’indignation à l’annonce du déclenchement de l’offensive militaire russe en Ukraine le24 février 2022.
Non pas, malheureusement, que cette guerre qui commence soit un évènement totalement nouveau dans l’ordre du monde d’aujourd’hui.
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, en effet, des dizaines de conflits armés de différentes sortes, et de plus ou moins grande ampleur ont continué à troubler les relations internationales.
Ainsi peut-on lire sur le site de l’ONG Amnesty International que « de nombreux conflits armés sont actuellement en cours dans le monde. Certains opposent des belligérants au sein d’un même pays (conflits armés non internationaux) et d’autres impliquent les forces armées de deux Etats ou plus (conflits armés internationaux). Ils ont touché des millions de personnes de multiples façons, notamment en tuant des civil-e-s, et en laissant les personnes survivantes mutilées, torturées, violées, déplacées de force ou subissant d’autres graves atteintes à leurs droits fondamentaux. Fin 2019, 79,5 millions de personnes à travers le monde avaient été déplacées par des conflits. Ce chiffre n’avait jamais été atteint auparavant ».
Certains de ces conflits sont largement couverts par les médias (Afghanistan, Irak, Syrie, Palestine etc.) tandis que d’autres sont ignorés, comme la guerre qui frappe le Yémen depuis 7 ans, opposant une partie de la population (les rebelles houthistes soutenus par l’Iran) au gouvernement yéménite soutenu par une coalition militaire dirigée par l’Arabie Saoudite, et qui selon les Nations Unies (ONU) aurait causé la mort de 377 000 personnes entre 2015 et 2021.
Ce qui donne à la guerre en Ukraine un caractère particulier, c’est non seulement qu’elle se déroule au sein du continent européen (Kiev se trouve à environ 2 400 km de Paris) mais aussi qu’elle résulte de tensions opposant plusieurs grandes puissances et organisations régionales (Russie, Etats-Unis, Union Européenne, OTAN), ce qui renforce le risque d’une généralisation à l’échelle continentale, voire mondiale.
Les guerres, quelles qu’elles soient, ne sont jamais une bonne nouvelle pour les travailleurs.
En juillet 1922, quelques années seulement après la fin de la Première Guerre Mondiale qui avait provoqué une dizaine de millions de morts, et dont le continent européen conserve les stigmates aujourd’hui, l’écrivain Anatole France déclarait dans une lettre à Marcel Cachin, le Directeur du journal L’Humanité : « On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels. ». Dans cette lettre il conseillait à l’homme de presse de « signaler à (ses) lecteurs », le livre de Michel Corday, les Hauts Fourneaux, car on pouvait y voir « que la guerre mondiale fut essentiellement l’œuvre des hommes d’argent, que ce sont les hauts industriels des différents Etats de l’Europe qui, tout d’abord, la voulurent, la rendirent nécessaire, la firent, la prolongèrent. Ils en firent leur état, mirent en jeu leur fortune, en tirèrent d’immenses bénéfices et s’y livrèrent avec tant d’ardeur, qu’ils ruinèrent l’Europe, se ruinèrent eux-même et disloquèrent le monde . ».
Aujourd’hui, en Ukraine, derrière les discordes concernant les frontières, il y a la compétition entre les grandes compagnies gazières et pétrolières des Etats-Unis et de la Russie pour la maîtrise des échanges d’hydrocarbures (gaz naturel, pétrole) avec l’Europe et le reste du monde.
En plus de la population ukrainienne qui est la première et la plus durement frappée, nous pouvons d’ores et déjà craindre que les travailleurs en France et dans l’ensemble de l’Europe n’aient à supporter, de différentes manières, les lourdes conséquences économiques et sociales de ce conflit, dans un contexte déjà marqué par les effets de la crise sanitaire combinée aux aléas de l’économie capitaliste depuis la crise des subprimes en 2008.
Dans une telle situation, les mots d’Anatole France continuent à résonner d’une brûlante actualité.
C’est pourquoi la place du mouvement ouvrier et de ses organisations, dont nous faisons partie, ne peut se trouver que du côté de la paix.
Vous pourrez lire en pièce jointe à ce message, mais aussi diffuser à vos structures, instances, militants et adhérents, le communiqué adopté par la Commission Exécutive Confédérale réunie le 24 février, dénonçant « l’acte de guerre que constitue l’agression militaire de l’Ukraine » et appelant « le mouvement syndical international à œuvrer solidairement pour l’arrêt immédiat de cette agression, pour la paix et la justice sociale ».
Vous pourrez lire et diffuser également le communiqué commun des confédérations CGT, FO, CFDT, CFE-CGC et CFTC appelant à « l’arrêt immédiat de cette agression et au retrait des troupes russes du territoire ukrainien », ainsi que le communiqué de presse confédéral reçu ce jour et annonçant la participation de notre organisation au rassemblement en soutien à l’Ukraine qui aura lieu demain, samedi 26 février, place de la République à Paris.
Après le Première guerre mondiale, les places des communes françaises se sont hérissées de monuments aux morts. Certaines municipalités, peu nombreuses, ont choisi de dénoncer le massacre. Ainsi peut-on lire sur certains monuments, comme celui de Gentioux, dans la Creuse : « Maudite soit la guerre ».
Nous ne saurions dire mieux aujourd’hui.
Avec mes salutations fraternelles à tous.

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